Saint Vincent - diacre et martyr
On connaît la vie de Saint Vincent par le biais des écrits du poète Prudence (348-415) et de Saint-Augustin (354-430). Saint Vincent est né en Espagne, à Huesca. Il étudie les sciences sacrées et profanes à Saragosse, sous la direction de l'évêque Valère. Ce dernier âgé et souffrant d'un défaut d'élocution, l'ordonne diacre pour qu'il prêche à sa place.
A cette époque, les chrétiens étaient pourchassés à travers tout l'empire romain. Au début de la persécution des empereurs Dioclétien (303 -313) et de Maximien (250-310), le cruel et sanguinaire "gouverneur" de la province Dacien, n'eut rien de plus pressé que de faire emprisonner l'évêque Valère et son diacre Vincent.
L'évêque et le diacre furent arrêtés et emprisonnés. Ils furent conduits attachés par des chaînes, à Valence. Le procurateur Dacien les fit comparaitre, et, compte tenu des problèmes d’élocution de l'évêque Valère, Vincent prit la parole pour confesser leur foi commune au Préfet : « Nous sommes prêts à endurer toutes sortes de tourments pour la cause du vrai Dieu ; en pareil cas, nous ne céderons ni aux promesses, ni aux menaces. » lui adresse-t-il.
Dacien condamna alors Valère à l'exil et Vincent à la torture.
On raconte que le Préfet fit étendre Vincent sur un chevalet où ses membres furent disloqués et sa chair mise en lambeaux par des « ongles de fer », puis il fut longuement torturé par le feu « sur un grill » et le fer avant d'être jeté dans un cachot dont le sol était recouvert de poteries et de verre cassés.
Mais sa prison s'illumine, des anges viennent le réconforter et Vincent chante des hymnes et des cantiques. Informé, Dacien le fait étendre sur des coussins moelleux pour que « le fait de mourir dans les douleurs n'augmente point sa gloire ». À peine étendu, Vincent rend son dernier soupir sans avoir donné de signe de défaillance.
On dit même que Vincent conserva un calme inaltérable, se réjouissant même, selon la Légende dorée, avant de s’éteindre le 22 janvier 304.
N'ayant pu le vaincre de son vivant, Dacien chercha à triompher de lui mort en exposant son corps en pleine campagne et en le livrant aux bêtes, mais des corbeaux protégèrent sa dépouille.
Dacien ordonne alors de lester le corps d'une pierre et de le jeter à la mer, mais le corps de Vincent regagne le rivage plus vite que les marins qui avaient été chargés de cette tâche. Effrayés, ils laissèrent là le corps du saint diacre qui sera défendu par des corbeaux. Vincent apparait alors en vision à une femme, à qui il indique la position de sa dépouille et lui demande une sépulture chrétienne.
Son corps aurait, selon certaines sources, été transporté à Saint-Benoît-du-Castre en 855 puis à Lisbonne en 1173. On raconte que durant ce dernier trajet, le navire qui l’emportait aurait été escorté par deux corbeaux.
Le culte de saint Vincent s’est très vite répandu en Occident, au point que saint Augustin prononça plusieurs sermons en son honneur et écrivit qu’il n’y avait point de province de l’Empire où l’on ne célébrât la fête du martyr.
Saint Vincent est nommé dans le canon romain de la messe et son culte est universel.
Saint Vincent est honoré comme le patron des vignerons, mais aucun épisode de sa vie ni aucun de ses miracles n’a de rapport avec le vin ou la vigne. On pense que ce patronage repose sur la première syllabe de son nom : vin et sur la date de sa fête, le 22 janvier, période déterminante pour les vignes et les récoltes de l’année.