Histoire de l'église de Chênée Saint-Pierre 

 


Avant-propos

       Les travaux de restauration de l'église sont pratiquement terminés, ils ont donnés une note de fraîcheur, une note de renouveau à nos vieilles pierres.

       Si, à force de côtoyer, on n'accorde plus d'attention à ce qui nous entoure, combien d'entre nous  se sont surpris à regarder notre église avec des yeux neufs, en redécouvrant tout ce qui fait son charme, sa grande qualité artistique et plus d'un a désiré en savoir plus sur elle, comme  on recherche les racines de son passé.

       Nous   avons donc  trouver l'occasion  belle de  retracer dans ces quelques  pages, l'histoire de la paroisse et de la reconstruction de son église.

       Nous   osons espérer  que vous  trouverez  quelque intérêt à lire ces pages pleines d'Histoire.

                                                        V. Neuray
                                                   
            Chapitre 1 : Origines de la paroisse.

       L'origine  de Chênée doit remonter  très loin dans le passé, la preuve officielle de son existence n'apparaîtra  cependant qu'au  Xle siècle et il semblerait qu'un pont à cet  endroit existait du temps de Jules César. Si l'existence de celui-ci ne peut être établie formellement, on peut affirmer l'existence d'un gué sur la Vesdre, en amont  de l'actuel pont de Lhonneux et qui porta plus tard le nom de « gué des vaches ».

       Si  on  réfléchit à la  position    géographique  du lieu, il serait  étonnant   qu'une agglomération  ne se fût pas formée et n'eût pas prospéré en cet endroit.

       En  effet, deux rivières relativement importantes  y font leur jonction : l'Ourthe et la Vesdre. Sans  doute, le confluent actuel se présente bien différemment de ce qu'il fût autrefois, mais la disposition des deux  vallées indique que ces deux cours d'eau se sont bien rencontrés à Chênée.

       Une autre  raison, encore plus frappante, doit retenir notre attention, ce sont deux routes très anciennes qui se rejoignaient en ce coin du pays liégeois

       La vieille  voie   romaine  de  Tongres  à   Trêves,  dénommée    plus  tard   Chaussée Brunehaut, passait  la Meuse  entre  Herstal et Jupille  et atteignait Chênée par le-il-der de Briemont   (aujourd'hui  Brialmont et  en  wallon  Briaumont),  puis grimpait vers   Beaufays, Theux  et Stavelot par le thier de Ciikions.

       L'autre route venait de Hognoul  et Boisée et, suivant la crête des collines de Glain, du Publémont  et des Champs   de St Gilles, descendait par le Chéra, au Val Benoît où elle passait la Meuse  pour atteindre Angleur et rejoindre à Chênée la vieille voie romaine.

       Double  point de  jonction des  voies de communications   fluviales et routières, en un temps  où toute activité économique et militaire suivait forcement la route et le cours d'eau; en fallait-il plus pour faire pousser là, quelques chaumières,  quelques constructions d'intérêt- public (relais, auberge, forge) et bientôt un  clocher c'est-à-dire les éléments d'une  future paroisse.

       Dans   les siècles reculés, Chênée  faisait partie du grand  centre caroloringien  dont Jupille était le centre, c'était à l'époque un coin de la  grande  forêt qui couvrait tous les alentours et s’étendait jusqu'en Ardennes.

       Jupille fût l'église-mère de toutes les paroisses avoisinantes qui se sont détachées au fur et à mesure que les populations se sont multipliées et que le défrichement s'est opéré.

       Nous ne savons pas quand Chênée commença à avoir une église particulière.

L'existence de notre paroisse est historiquement attestée par deux documents, les plus anciens connus.

        Tout  d'abord, une charte  retrouvée dans un cartulaire' de la Collégiale2  liégeoise Saint- Jean-l'évangéliste  relative à une  contestation entre les prévôts3 de la collégiale, cités de  1096 à   1100  et  à ce titre    Seigneurs d'Embourg    et le  prêtre  Ludowicus, vraisemblablement responsable   du service paroissial à Chênée;  ils y rappelaient  les privilèges  séculaires de leur chapelle  castrale4 d'Embourg,   tout en  reconnaissant certains droits à l'église de Chênée. Le  second  est l'inventaire des  revenus de l'église   d'Aix-la-Chapelle datant  du  XlIe siècle et Chênée  y  figure: In  Kesneies    (Chênée)  est ibi dimidia5  ecclesia  ad  quam  pertinet  unus    mansus  et XXIIII  mansis   decima.

Ce qui, en  traduction littérale donne: « A Chênée,   il y a une demi-église5  à laquelle correspond  une manse6    et la dîme7   de 24 manses.»

        L'église  de  Chênée  possédait donc à cette époque,  une   manse et touchait les dîmes de 24  manses.

        Il est presque certain que la création de notre paroisse  remonte à la fin du  Xle siècle ou au  début du  Xlle siècle, elle ne fût pas la plus ancienne:  Herve avait une  chapelle avant   898, Herstal et  Hermalle étaient  des paroisses avant  779.  C'est à l'époque de    Charlemagne que  les paroisses se  sont constituées  en  grand nombre    grâce à l'attribution de la dîme   que le  grand empereur  leur  avait accordée, elles y trouvaient un moyen   de subsistance.

       Quatre documents   très anciens intéressent également notre paroisse, ils datent de 1259-

1262 et  1266 :

       1- Le  12 février 1259 à Aix-la-Chapelle,  le prévôt Otton transfère au chapitrel N.D. à Aix, le patronat de la  paroisse  de Chênée  c'est-à-dire le droit de choisir et de proposer à l'archidiacre du Condroz, le prêtre chargé de la cure de Chênée.

       2- Le  20 mars 1259, Henri de  Gueldre prince-évêque  de Liège confirme cette décision.

       3- Le  16 avril 1262, le prévôt Otton et le chapitre N.D. à Aix afferment à leur avoué, Thierry de Fléron, les deux thiers des bois qu'il possédait dans la paroisse de Chênée pour être réunis au tiers que cet avoué avait déjà reçu en fief.

       4-   Le  23 mars   1266,   L'archidiacre2  du    Condroz,  Jean  de  Nassau    approuve l'incorporation de l'église de Chênée consentie par le prévôt Otton. Le 13 janvier 1274, le notaire liégeois Roger atteste l'authenticité de ces actes.

            Chapitre 2 : Origine de l'église.

       L'église de Chênée poursuit son histoire sans faits saillants, avec quelques fois, des dissensions quant aux prérogatives de nommer  les desservants de la cure.

       Le 5 Juin 1520 (ou 1525 ?), l'archidiacre du Condroz, visita la paroisse et n'émit pas d'observations si ce n'est l'obligation de réparer les fonts baptismaux, qui étaient brisés.

       En 1691, une armée  française,   commandée par le maréchal de Boufflers, bombardait Liège et une partie de sa périphérie. Qu'avait bien pu faire nos bonnes gens de l'époque pour provoquer l'ire destructrice de ce marquis  à perruque ?. Rien  sans doute, mais  pour des bouches à feu postées à la Chartreuse, quelle cible que le secteur englobant Chênée avec son église et son château de Beaufraipont et Angleur jusqu'à Rivage-en-Pot!

       Si l'église ne fut pas écrasée sous les boulets incendiaires, elle n'en subit pas moins quelques  dommages qui malheureusement   s'ajoutèrent à l'état de l'édifice.

       En effet, lors de sa visite, le 30 Septembre 1698, l'archidiacre du Condroz, relève que l'église menace de tomber en ruines et constitue un grand danger pour les paroissiens, de plus, elle est trop petite pour leur nombre (2800 fidèles accomplissent leur devoir pascal).

C'est pourquoi, l'ordre est donné par l'archidiacre d'en construire une nouvelle, les préparatifs devant être entrepris dans les six mois.

 
          Chapitre 3 : Construction de l'église.

       La reconstruction de l'église de Chênée fut donc réalisée en exécution de l'ordre donné par l'archidiacre du Condroz, lors de sa visite du 30 Septembre 1698.

       Depuis  plusieurs années déjà, les paroissiens en avaient compris la nécessité et même entamé certains préparatifs mais « la pauvreté, misère et désolation» causées par les guerres de Louis  XIV avaient sonné  le glas de leurs projets. Ainsi, sur leur commande, Willem de Beyne  avait  façonné des  briques pour  un  montant de 612 florins  brabant, elles étaient entreposées dans une propriété d’Ernest de Geer, proche de l'église.

Dans   l'impossibilité de prévoir le temps de les utiliser et devant le danger de les voir se détériorer, les responsables des communautés   de la paroisse décidèrent de les vendre aux enchères, le stock divisé en trois lots rapporta 159 pataconsl .

       Conformément   aux  statuts de l'archidiaconé du Condroz, les frais de la construction incombaient à diverses parties:

       - la nef centrale et la cloche principale étaient à charge du décimateur2 c'est-à-dire le chapitre de Notre-Dame d'Aix-la-Chapelle, qui percevait les deux tiers de la grosse dîme.

       - Le choeur devait être fmancé par le curé qui percevait l'autre tiers et l'entièreté de la menue  dîme.

       - Enfin, les nefs latérales, la tour et les murs du cimetière formaient la contribution des paroissiens.

       Voyons  maintenant  comment chacune  des parties assumèrent leurs obligations.

Pour le décimateur :

       Le 3  septembre  1699,  l'avocat de Liège, Nicolas Dellemelle, receveur du chapitre d'Aix, adjuge  au nom des  chanoines d'Aix, leur part de travail à Jean Driane et à son oncle Jean Perrier, maîtres-maçons de Liège. Le projet ne prévoyait pour la nef qu'une longueur de 72 pieds 3 (21,17 m) et 5 piliers de pierre de tale de 3 pieds d'épaisseur (0,88 m).

Les paroissiens protestèrent et le 10 mai 1700, le receveur du chapitre accepta une longueur de 86 pieds (25,28 m) et 6 piliers.

Les deux  maîtres-maçons   réalisèrent cet agrandissement et touchèrent à la Toussaint 1700, 1.400  florins brabant.

Mais les chanoines ne mettaient aucun   empressement à parfaire leurs obligations. Dès 1704, les bourgmestres  des différentes communautés  leur rappelèrent, l'obligation de fournir une grosse cloche capable de  se faire entendre dans toute l'étendue de la paroisse. Ce n'est qu'en 1713 que cette cloche fut  enfm fondue, elle fut bénie le 7 novembre 1713 par le curé, après permission  du vicaire général. La cloche reçut le nom de Marie-Charlemagne, elle eût pour parrain le seigneur François de Kerckhove,  chanoine de  l'église royale d'Aix et doyen du chapitre et pour marraine Catherine  de Montzen,  épouse  de  Pasquai de Molin,  syndic et receveur à Liège du chapitre d'Aix.

Pour les paroissiens :

       Les paroissiens de  Chênée étaient groupés en  10   communautés distinctes : Chênée, Henne-Ransy,    Vaux-sous-Chèvremont,  Romsée, Chaumont, Bois de Beyne,  Heusay,   Embourg avec sa dépendance   de  Sauheid, Ninane  avec sa dépendance  de  Chaudfontaine, et  enfin Beaufays. Chacune fut invitée à se choisir un représentant avec mandat de signer les contrats avec les entrepreneurs et de percevoir, de chaque contribuable, la taxe qui serait décrétée pour payer les travaux.

Mais les trois communautés de la rive gauche de la Vesdre  (Embourg,  Ninane et  Beaufays) refusèrent de participer aux frais; elles obtinrent gains de cause, se soustrayant ainsi aux charges de la reconstruction de l'église.

Louis Thomas, le caissier et comptable désigné par les sept communautés, rendit ses comptes le 27 janvier 1701 et le 27 avril 1702. A cette dernière date, pour une période de 15 mois, il apporta des quittances pour un montant de 2.869 florins brabant dont une de 1.007 florins et 8 patarsi du maître-maçon    Willem de  Beyne et une  autre de  1.016 florins du charpentier Thomas Cambresier.

Ces  dépenses furent réparties entre les 7 communautés selon le dénombrement des   ménages qui avait été effectué le 14 mars 1663; sur un total de 517 ménages, la communauté de Chênée en comptait alors 104, celle de Vaux 126, celle de Henne-Ransy 97, celle de Heusay 67, celle de Romsée 60, celle de Bois de Beyne 33 et celle de Chaumont 30.

En fin 1704,  des vents très violents renversèrent le toit des bas-côtés et pour payer les réparations, un impôt supplémentaire de 15 patars par ménages dû être établi.

       Dans l'euphorie d'une nouvelle église, les paroissiens par pure libéralité et gratitude, alors que rien ne les y obligeait, firent construire une sacristie contiguë.

       Leur restait alors à  construire le mur  du cimetière.  En   raison des  «calamités publiques » qui  s'étaient abattues sur les paroisses en ce temps de guerre, les paroissiens désiraient reporter à plus tard ces charges. Mais lors de sa visite du 7  septembre  1712, l'achidiacre du Condroz donna ordre d'en hâter l'exécution. Le 14 août 1713, la construction du mur et des 2 portes du cimetière fut adjugée pour le prix de 700 florins avec l'obligation de terminer au plus tard, dans la semaine qui suivait la Toussaint 1713.

       Il ne restait plus alors qu'à voûter les bas-côtés, le travail avec d'autres réparations fut adjugé le 12  août 1717 au  maçon Pierre Sauheid  de  Vaux  pour la somme  de  880 florins brabant.

Pour le Curé :

       Le 26 mai 1700, le curé Hubert Georlet décéda et après un intérim assuré par le vicaire Laurent Coune,   Mathias Hubin   fut nommé   curé; il hésita plus d'un an   à  accepter sa nomination car il devait faire face à des dépenses importantes avant d'avoir touché la dîme.

La  quatrième  année de son pastorat, le  curé Hubin  pût « enfin»  trouver  l'argent pour satisfaire, à son tour, à ses obligations et donc permettre la construction du choeur.

       Le vieux choeur avait 29 pieds (8,53 m)  de long, mais n'avait que 13 à 14 pieds de hauteur. Pour l'élever  à la hauteur de la nef  centrale c.à.d. 40 pieds (11,79 m) il était nécessaire de renforcer les murailles et à moins de rétrécir sa longueur, de mordre 3 à 4 pieds sur le chemin public.

       Les diverses autorisations reçues, le choeur fut donc construit tel que nous le voyons actuellement.

       La construction  de l'église fut complètement achevée vers 1718, elle fut seulement consacrée le 18 juin  1730 par Jean-Baptiste Gillis, évêque  d'Amysone, vicaire général et suffrageant du prince-évêque de Liège, Georges-Louis de Berghes.

       Dans  la   maçonnerie  extérieure, au  chevet  du  choeur, est  encastrée la  dalle commémorative   de  la construction du choeur de l'église; elle porte une inscription en latin dont voici la traduction :

       «Le    Révérend  Monsieur   Mathias Hubin,   curé de  Chênée,   Embourg   et autres dépendances, en l'année 1706 a édifié et offert ce choeur à Dieu, le meilleur et le plus grand ».

       La reconstruction avait certes coûté son lot de sacrifices pour nos paroissiens et leur curé (nous ne plaindrons pas nos bons chanoines d'Aix qui, touchant la plus grosse part de la dîme,  en avaient les moyens), mais la nouvelle église put être pour tous les paroissiens, une source de fierté. Dans leur délibération du 31 octobre 1804, le maire de Chênée, J.B. Robert et ses conseillers municipaux affirmèrent encore «  qu'indubitablement leur église était la plus belle, la plus grande, et la plus solide du doyenné ».
 

              Chapitre 4 : L'église et son intérieur.

        De l'avis du  maire en  1804, l'église de Chênée était la plus belle, la plus grande et la plus  solide. On  peut  l'affirmer  encore aujourd'hui,  après les  travaux de  restauration qui viennent de  se terminer et mettent en valeur son architecture et les trésors qu'elle recèle Son capital   archéologique lui a d'ailleurs valu d'être classée  en 1943 par  la    Commission Royale  des monuments   et sites.

        Terminé  dans la première moitié  du XVIIIe siècle, l'édifice est de ceux qui défient les siècles. Juste produit  du   temps et  du milieu,  c'est un  sympathique   exemplaire   de  ces constructions trapues d'époque  Louis   )UV, sans style bien défmi toutefois, bien qu'on trouve ici certaines caractéristiques du roman : tour trapue, toits à versants modérés, baies en plein cintre.

        Si elle ne présente à  l'extérieur aucune prétention artistique, elle peut se targuer de présenter  un intérieur de haute  qualité, un ensemble  architecturale homogène.  La  voûte est remarquable   dans sa sobriété, elle est mise en valeur par la restauration actuelle.

        Quand  les   moyens financiers permirent d'orner et de meubler l'église, bien plus tard que   l'achèvement de la bâtisse, on était arrivé à cette période du XVIIIe siècle où brillaient les ornemanistes  liégeois.

 
LES STATUES.

        Les  six grandes statues du choeur ont été taillées dans le chêne, elles sont recouvertes de peinture  blanche. Elles sont attribuées à Jean Hans  de Grivegnée, un des  meilleurs élèves de  Delcourl. Elles représentent : Saint Hubert, Saint Pierre patron de la paroisse, la Sainte Vierge  et l'enfant Jésus, Saint Joseph, l'ange gardien et Saint Nicolas.

        Elles viennent  d'être  traitées contre les  insectes xylophages   et de  l'avis  de la Commission    Royale des    monuments et sites, elles devraient faire l'objet d'une restauration en profondeur,   malheureusement   très coûteuse. En attendant la constitution d'un  dossier et les approbations  requises, elles sont entreposées avec soin dans le local sous la tour.

        Adossé  au fond de l'église, près de la porte d'entrée principale, se dresse un superbe grand  Christ dû  probablement  au   même Jean  Hans; il est également taillé  dans le chêne et peint en  blanc.

Le  perizonium2 étoffé et chiffonné et les pieds parallèles fixés isolement dénotent la facture de la fin du XVIIe siècle et première moitié du XVIIle siècle. Quoiqu'il en soit, l'allure générale de ce  beau morceau  de sculpture, 'impression de sérénité qui s'en dégage, le respect savant de l'anatomie,  sont à coup er d'un  maître.

 
LE MOBILIER.

        La boiserie est abondante, d'excellente facture liégeoise de la bonne époque (XVIIIe siècle), bien que sobre dans les motifs sculptés.

        Les «nouvelles de Fléron  » du 27 Mars 1898  nous apportent quelques détails. Nous apprenons  ainsi que le menuisier sculpteur Jean-Denis Léonard de Liège confectionna en 1756 une  bonne partie du mobilier :

        -le tabernacle du grand autel pour 107 florins,

        -l'autel de la Vierge pour 300 florins,

        -deux confessionnaux de style Régence pour 380 florins,

        -la chaire de vérité pour 460 florins, la main-courante incurvée et le balustre de départ  en chêne sont richement travaillés sur des motifs symboliques de l'Eucharistie,

        -les armoires de la sacristie pour 300 florins,

        -des bancs pour 441 florins.

En   1775, le  même Jean-Denis  Léonard   confectionna 24 bancs supplémentaires,  les deux autres confessionnaux et les gradins des petits autels pour 554 florins, 2 sous et 2 patards.

La même   année, on paya à Antoine Maréchal 235  florins pour les formes (stalles) du choeur.

 
LES TABLEAUX.

        À l'école liégeoise du XVIlle siècle, appartiennent les toiles du choeur, elles sont d’Henri Deprez né à Liège le 6 Février 1729 et décédé le 28 Octobre 1797.

        Jules Helbigl ne le place pas très haut dans son estime, il le qualifie ainsi : «Peintre d'histoire et de portraits, cet artiste était doué d'une fécondité extrême mais en même

        Cette critique semble très sévère, le Saint  Pierre se repentant en médaillon  est d'excellente facture. Les archives paroissiales conservées à la cure garde le reçu original de H; Deprez, daté  du 9 Mai 1776 pour les quatre tableaux du choeur au montant de 14 carolins d'or ou 273  florins2.

        Le tableau surmontant le maître-autel qui représente un miracle de Saint Pierre passe pour être remarquable; bien que certains l'attribuent à Clockers, autre peintre liégeois, il est de la main de Deprez.

        Ce tableau a son histoire véridique ou légendaire? Il aurait appartenu à la cathédrale Saint  Lambert et soustrait au pillage de cette cathédrale prestigieuse en 1794 par un chanoine de Bellefroid qui l'aurait transféré à la paroisse de Chênée.

On croit pouvoir affirmer cette opinion sur le fait:

       -que le sujet de ce tableau est un miracle de Saint Pierre, précisément le patron de notre église, qu'une famille  de Bellefroid avait  ses attaches à Chênée,   une importante sépulture de cette famille existe au  cimetière du centre, ce qui expliquerait l'option du chanoine,  que l'auteur serait H. Deprez a qui sont dus les quatre autres toiles du choeur et le chemin de croix.

       Les sept tableaux du chemin de croix sont également de  Henri Deprez,  ils ont subi à plusieurs reprises des retouches malencontreuses.

 
LES ORGUES.

       Le premier orgue installé dans notre église reconstruite, fut livré en 1756 par le célèbre facteur d'orgues Jean-Baptiste Le Picard établi à Liège.

Une étude de   Monsieur  Jean-Pierre Félix' précise que cet ouvrage est le dernier connu du maître et qu'il coûta 1600 florins.

       Aux archives de l'état à Liège subsiste la quittance suivante (l'orthographe originale est maintenue) :

« Le 13 7bre 1756 reçu de Monsieur Becket au nom  de Monsieur  le  Curé et de Messieurs les tennants de Chayenaye la somme de  seize cents florins c (om) tans pour une orgue leurs vendue et livrée ce jourd'huy; laquelle je guarantiray pendant l'espace de deux ans pour tout déffaut provenant de moy.

       (s) jean baptiste Le Picare. »

Sa  composition ne nous  est pas connue mais   comme toutes les productions du Picard, elle devait être empreinte de l'esthétique du rococo français.

Les orgues ne furent entretenues que sporadiquement.

Au cours  de la séance du conseil  de Fabrique  du 3 Avril  1870,  «Monsieur le Curé  F.X. Georges exposa  le  mauvais état des orgues, lesquelles, d'après un rapport de Mr. Stappers, organiste, sont constamment dérangées  et incapables de  servir encore dans les conditions désirables pour notre église. »

Le conseil décida de demander  à  Mr. A. Clérinx, facteur d'orgue à St.Trond, un projet de contrat pour l'achat d'un nouvel instrument.

Le 22 Avril 1870, le conseil prit connaissance du devis de Mr. Clérinx s'élevant à la somme de 6.350 francs.

Les frais de transport de l'orgue à l'église, le logement et la nourriture des ouvriers chargés de le placer, la consolidation du jubé et la location d'un harmonium...etc, étaient évalués à 265 F. environ, la dépense totale atteignait 6.265 F.

       Ces nouvelles orgues furent inaugurées le dimanche de la Trinité en 1871.

       Une restauration profonde a été effectuée en 1973 par les facteurs d'orgues Thomas frères de Ster- Francorchamps, pour un montant de 352.815 F.

Nous ne pouvons-nous étendre ici sur la composition de l'orgue actuel, l'étude précitée de Mr. Félix en donne un aperçu détaillé et notre organiste, Mr. Eric Mairlot se ferait certainement un plaisir de renseigner les personnes intéressées par cet orgue de grande valeur.
 

L'HOLOGE    ET   LES    CLOCHES.

       À l'époque où  n'existait encore que les cadrans solaires, l'apparition des horloges aux clochers des églises fut remarquée.

       En 1770,  l'église de Chênée était  pourvue d'une horloge à deux cadrans, mais les paroissiens se plaignaient de son état, de l'impossibilité de la réparer pour une longue durée et ils demandaient  une  nouvelle installation. Plusieurs maîtres-horlogers vinrent examiner l'appareil et ils conclurent à la possibilité de la réparer l'instrument à condition de se contenter d'un seul cadran. La réparation fut effectuée en 1772.

En 1848, furent ajoutés 3 nouveaux cadrans, donnés par la Société de la Vieille-Montagne, la communauté   prenant à ses charges les frais de leur installation.

       L'horloge actuelle, entièrement électrifiée, a  été installée en 1977-78,  lors de l'électrification des cloches et le placement d'une nouvelle.

       Nous   avons  que le chapitre  d'Aix devait fournir une  grosse  cloche lors de la construction de l'église, elle fut installée en 1713 et portait le nom de Marie-Charlemagne.

       Depuis 1977, le clocher abrite trois cloches : une ancienne cloche de 1000 kg, fondue et installée en 1822 et deux nouvelles  que Mgr.  Van Zuylen  a béni  solennellement le 9 Octobre 1977. La plus petite Marie-Charlemagne pèse  450 kg et remplace celle du même nom dont nous venons de parler.

L'autre nouvelle cloche Anne-Pierre pèse 750 kg. Les deux nouvelles cloches ont été fondues par Mr. Sergeys de Louvain, dont le père était né à Chênée.

Les trois cloches sont mues par des moteurs électriques.
 

LES    VITRAUX.

       Avant  leur destruction durant la guerre 1940-1945, on  pouvait admirer quatre très beaux vitraux dans le choeur de l'église.

       Ils avaient été placés à la suite d'une délibération du conseil de Fabrique du 6 Octobre 1901. Au  cours de cette séance, le curé G. Gérardry avait proposé  de faire placer dans le choeur des vitraux à la mémoire de Mgr. Doutreloux, évêque de Liège, né à Chênée le 18 Mai 1837 et décédé à Liège le 24 Août 1901.

       Le conseil, à l'unanimité, approuva cette proposition destinée à consacrer le souvenir de l'enfant de Chênée qui a occupé  si dignement et avec tant de dévouement  au peuple, le siège épiscopal de Liège.

         Ces verrières firent  confectionnées par Mr.  Ih. Cambresier, peintre  à  Liège et coûtèrent 3.000 F., le curé ayant payé le placement des treillis protecteurs.

       Deux  de  ces vitraux seulement  ont  été remplacés en 1957,  l'un représente Sainte Bernadette, l'autre Saint Blaise, spécialement invoqué depuis longtemps dans notre église.

       Les fenêtres des nefs latérales ont également été pourvues en 1957 de vitraux, oeuvres de  deux artistes : F. Cricks et Osterath; ils représentent notamment les deux évangélistes, Saint Luc et Saint Mathieu, les autres, dont le dessin est dû au peintre Armand Romainville de Hollogne sur Geer  illustrent les Béatitudes en représentant chaque fois un épisode de la vie de Saint Pierre.

Nous   trouvons encore un vitrail représentant Mgr. Kerckofs, évêque de Liège, qui présente des enfants à la Vierge et dans le coin inférieur droit, la chapelle de Banneux; enfin le dernier vitrail a été placé en « hommage de reconnaissance de la Fédération Nationale de Combattants aux Morts  pour la Patrie 40-45. »