Histoire de l'église de Chênée Saint-Pierre
Avant-propos
Les travaux de restauration de l'église sont pratiquement terminés, ils ont donnés une note de fraîcheur, une note de renouveau à nos vieilles pierres.
Si, à force de côtoyer, on n'accorde plus d'attention à ce qui nous entoure, combien d'entre nous se sont surpris à regarder notre église avec des yeux neufs, en redécouvrant tout ce qui fait son charme, sa grande qualité artistique et plus d'un a désiré en savoir plus sur elle, comme on recherche les racines de son passé.
Nous avons donc trouver l'occasion belle de retracer dans ces quelques pages, l'histoire de la paroisse et de la reconstruction de son église.
Nous osons espérer que vous trouverez quelque intérêt à lire ces pages pleines d'Histoire.
V. Neuray
Chapitre 1 : Origines de la paroisse.
L'origine de Chênée doit remonter très loin dans le passé, la preuve officielle de son existence n'apparaîtra cependant qu'au Xle siècle et il semblerait qu'un pont à cet endroit existait du temps de Jules César. Si l'existence de celui-ci ne peut être établie formellement, on peut affirmer l'existence d'un gué sur la Vesdre, en amont de l'actuel pont de Lhonneux et qui porta plus tard le nom de « gué des vaches ».
Si on réfléchit à la position géographique du lieu, il serait étonnant qu'une agglomération ne se fût pas formée et n'eût pas prospéré en cet endroit.
En effet, deux rivières relativement importantes y font leur jonction : l'Ourthe et la Vesdre. Sans doute, le confluent actuel se présente bien différemment de ce qu'il fût autrefois, mais la disposition des deux vallées indique que ces deux cours d'eau se sont bien rencontrés à Chênée.
Une autre raison, encore plus frappante, doit retenir notre attention, ce sont deux routes très anciennes qui se rejoignaient en ce coin du pays liégeois
La vieille voie romaine de Tongres à Trêves, dénommée plus tard Chaussée Brunehaut, passait la Meuse entre Herstal et Jupille et atteignait Chênée par le-il-der de Briemont (aujourd'hui Brialmont et en wallon Briaumont), puis grimpait vers Beaufays, Theux et Stavelot par le thier de Ciikions.
L'autre route venait de Hognoul et Boisée et, suivant la crête des collines de Glain, du Publémont et des Champs de St Gilles, descendait par le Chéra, au Val Benoît où elle passait la Meuse pour atteindre Angleur et rejoindre à Chênée la vieille voie romaine.
Double point de jonction des voies de communications fluviales et routières, en un temps où toute activité économique et militaire suivait forcement la route et le cours d'eau; en fallait-il plus pour faire pousser là, quelques chaumières, quelques constructions d'intérêt- public (relais, auberge, forge) et bientôt un clocher c'est-à-dire les éléments d'une future paroisse.
Dans les siècles reculés, Chênée faisait partie du grand centre caroloringien dont Jupille était le centre, c'était à l'époque un coin de la grande forêt qui couvrait tous les alentours et s’étendait jusqu'en Ardennes.
Jupille fût l'église-mère de toutes les paroisses avoisinantes qui se sont détachées au fur et à mesure que les populations se sont multipliées et que le défrichement s'est opéré.
Nous ne savons pas quand Chênée commença à avoir une église particulière.
L'existence de notre paroisse est historiquement attestée par deux documents, les plus anciens connus.
Tout d'abord, une charte retrouvée dans un cartulaire' de la Collégiale2 liégeoise Saint- Jean-l'évangéliste relative à une contestation entre les prévôts3 de la collégiale, cités de 1096 à 1100 et à ce titre Seigneurs d'Embourg et le prêtre Ludowicus, vraisemblablement responsable du service paroissial à Chênée; ils y rappelaient les privilèges séculaires de leur chapelle castrale4 d'Embourg, tout en reconnaissant certains droits à l'église de Chênée. Le second est l'inventaire des revenus de l'église d'Aix-la-Chapelle datant du XlIe siècle et Chênée y figure: In Kesneies (Chênée) est ibi dimidia5 ecclesia ad quam pertinet unus mansus et XXIIII mansis decima.
Ce qui, en traduction littérale donne: « A Chênée, il y a une demi-église5 à laquelle correspond une manse6 et la dîme7 de 24 manses.»
L'église de Chênée possédait donc à cette époque, une manse et touchait les dîmes de 24 manses.
Il est presque certain que la création de notre paroisse remonte à la fin du Xle siècle ou au début du Xlle siècle, elle ne fût pas la plus ancienne: Herve avait une chapelle avant 898, Herstal et Hermalle étaient des paroisses avant 779. C'est à l'époque de Charlemagne que les paroisses se sont constituées en grand nombre grâce à l'attribution de la dîme que le grand empereur leur avait accordée, elles y trouvaient un moyen de subsistance.
Quatre documents très anciens intéressent également notre paroisse, ils datent de 1259-
1262 et 1266 :
1- Le 12 février 1259 à Aix-la-Chapelle, le prévôt Otton transfère au chapitrel N.D. à Aix, le patronat de la paroisse de Chênée c'est-à-dire le droit de choisir et de proposer à l'archidiacre du Condroz, le prêtre chargé de la cure de Chênée.
2- Le 20 mars 1259, Henri de Gueldre prince-évêque de Liège confirme cette décision.
3- Le 16 avril 1262, le prévôt Otton et le chapitre N.D. à Aix afferment à leur avoué, Thierry de Fléron, les deux thiers des bois qu'il possédait dans la paroisse de Chênée pour être réunis au tiers que cet avoué avait déjà reçu en fief.
4- Le 23 mars 1266, L'archidiacre2 du Condroz, Jean de Nassau approuve l'incorporation de l'église de Chênée consentie par le prévôt Otton. Le 13 janvier 1274, le notaire liégeois Roger atteste l'authenticité de ces actes.
Chapitre 2 : Origine de l'église.
L'église de Chênée poursuit son histoire sans faits saillants, avec quelques fois, des dissensions quant aux prérogatives de nommer les desservants de la cure.
Le 5 Juin 1520 (ou 1525 ?), l'archidiacre du Condroz, visita la paroisse et n'émit pas d'observations si ce n'est l'obligation de réparer les fonts baptismaux, qui étaient brisés.
En 1691, une armée française, commandée par le maréchal de Boufflers, bombardait Liège et une partie de sa périphérie. Qu'avait bien pu faire nos bonnes gens de l'époque pour provoquer l'ire destructrice de ce marquis à perruque ?. Rien sans doute, mais pour des bouches à feu postées à la Chartreuse, quelle cible que le secteur englobant Chênée avec son église et son château de Beaufraipont et Angleur jusqu'à Rivage-en-Pot!
Si l'église ne fut pas écrasée sous les boulets incendiaires, elle n'en subit pas moins quelques dommages qui malheureusement s'ajoutèrent à l'état de l'édifice.
En effet, lors de sa visite, le 30 Septembre 1698, l'archidiacre du Condroz, relève que l'église menace de tomber en ruines et constitue un grand danger pour les paroissiens, de plus, elle est trop petite pour leur nombre (2800 fidèles accomplissent leur devoir pascal).
C'est pourquoi, l'ordre est donné par l'archidiacre d'en construire une nouvelle, les préparatifs devant être entrepris dans les six mois.
Chapitre 3 : Construction de l'église.
La reconstruction de l'église de Chênée fut donc réalisée en exécution de l'ordre donné par l'archidiacre du Condroz, lors de sa visite du 30 Septembre 1698.
Depuis plusieurs années déjà, les paroissiens en avaient compris la nécessité et même entamé certains préparatifs mais « la pauvreté, misère et désolation» causées par les guerres de Louis XIV avaient sonné le glas de leurs projets. Ainsi, sur leur commande, Willem de Beyne avait façonné des briques pour un montant de 612 florins brabant, elles étaient entreposées dans une propriété d’Ernest de Geer, proche de l'église.
Dans l'impossibilité de prévoir le temps de les utiliser et devant le danger de les voir se détériorer, les responsables des communautés de la paroisse décidèrent de les vendre aux enchères, le stock divisé en trois lots rapporta 159 pataconsl .
Conformément aux statuts de l'archidiaconé du Condroz, les frais de la construction incombaient à diverses parties:
- la nef centrale et la cloche principale étaient à charge du décimateur2 c'est-à-dire le chapitre de Notre-Dame d'Aix-la-Chapelle, qui percevait les deux tiers de la grosse dîme.
- Le choeur devait être fmancé par le curé qui percevait l'autre tiers et l'entièreté de la menue dîme.
- Enfin, les nefs latérales, la tour et les murs du cimetière formaient la contribution des paroissiens.
Voyons maintenant comment chacune des parties assumèrent leurs obligations.
Pour le décimateur :
Le 3 septembre 1699, l'avocat de Liège, Nicolas Dellemelle, receveur du chapitre d'Aix, adjuge au nom des chanoines d'Aix, leur part de travail à Jean Driane et à son oncle Jean Perrier, maîtres-maçons de Liège. Le projet ne prévoyait pour la nef qu'une longueur de 72 pieds 3 (21,17 m) et 5 piliers de pierre de tale de 3 pieds d'épaisseur (0,88 m).
Les paroissiens protestèrent et le 10 mai 1700, le receveur du chapitre accepta une longueur de 86 pieds (25,28 m) et 6 piliers.
Les deux maîtres-maçons réalisèrent cet agrandissement et touchèrent à la Toussaint 1700, 1.400 florins brabant.
Mais les chanoines ne mettaient aucun empressement à parfaire leurs obligations. Dès 1704, les bourgmestres des différentes communautés leur rappelèrent, l'obligation de fournir une grosse cloche capable de se faire entendre dans toute l'étendue de la paroisse. Ce n'est qu'en 1713 que cette cloche fut enfm fondue, elle fut bénie le 7 novembre 1713 par le curé, après permission du vicaire général. La cloche reçut le nom de Marie-Charlemagne, elle eût pour parrain le seigneur François de Kerckhove, chanoine de l'église royale d'Aix et doyen du chapitre et pour marraine Catherine de Montzen, épouse de Pasquai de Molin, syndic et receveur à Liège du chapitre d'Aix.
Pour les paroissiens :
Les paroissiens de Chênée étaient groupés en 10 communautés distinctes : Chênée, Henne-Ransy, Vaux-sous-Chèvremont, Romsée, Chaumont, Bois de Beyne, Heusay, Embourg avec sa dépendance de Sauheid, Ninane avec sa dépendance de Chaudfontaine, et enfin Beaufays. Chacune fut invitée à se choisir un représentant avec mandat de signer les contrats avec les entrepreneurs et de percevoir, de chaque contribuable, la taxe qui serait décrétée pour payer les travaux.
Mais les trois communautés de la rive gauche de la Vesdre (Embourg, Ninane et Beaufays) refusèrent de participer aux frais; elles obtinrent gains de cause, se soustrayant ainsi aux charges de la reconstruction de l'église.
Louis Thomas, le caissier et comptable désigné par les sept communautés, rendit ses comptes le 27 janvier 1701 et le 27 avril 1702. A cette dernière date, pour une période de 15 mois, il apporta des quittances pour un montant de 2.869 florins brabant dont une de 1.007 florins et 8 patarsi du maître-maçon Willem de Beyne et une autre de 1.016 florins du charpentier Thomas Cambresier.
Ces dépenses furent réparties entre les 7 communautés selon le dénombrement des ménages qui avait été effectué le 14 mars 1663; sur un total de 517 ménages, la communauté de Chênée en comptait alors 104, celle de Vaux 126, celle de Henne-Ransy 97, celle de Heusay 67, celle de Romsée 60, celle de Bois de Beyne 33 et celle de Chaumont 30.
En fin 1704, des vents très violents renversèrent le toit des bas-côtés et pour payer les réparations, un impôt supplémentaire de 15 patars par ménages dû être établi.
Dans l'euphorie d'une nouvelle église, les paroissiens par pure libéralité et gratitude, alors que rien ne les y obligeait, firent construire une sacristie contiguë.
Leur restait alors à construire le mur du cimetière. En raison des «calamités publiques » qui s'étaient abattues sur les paroisses en ce temps de guerre, les paroissiens désiraient reporter à plus tard ces charges. Mais lors de sa visite du 7 septembre 1712, l'achidiacre du Condroz donna ordre d'en hâter l'exécution. Le 14 août 1713, la construction du mur et des 2 portes du cimetière fut adjugée pour le prix de 700 florins avec l'obligation de terminer au plus tard, dans la semaine qui suivait la Toussaint 1713.
Il ne restait plus alors qu'à voûter les bas-côtés, le travail avec d'autres réparations fut adjugé le 12 août 1717 au maçon Pierre Sauheid de Vaux pour la somme de 880 florins brabant.
Pour le Curé :
Le 26 mai 1700, le curé Hubert Georlet décéda et après un intérim assuré par le vicaire Laurent Coune, Mathias Hubin fut nommé curé; il hésita plus d'un an à accepter sa nomination car il devait faire face à des dépenses importantes avant d'avoir touché la dîme.
La quatrième année de son pastorat, le curé Hubin pût « enfin» trouver l'argent pour satisfaire, à son tour, à ses obligations et donc permettre la construction du choeur.
Le vieux choeur avait 29 pieds (8,53 m) de long, mais n'avait que 13 à 14 pieds de hauteur. Pour l'élever à la hauteur de la nef centrale c.à.d. 40 pieds (11,79 m) il était nécessaire de renforcer les murailles et à moins de rétrécir sa longueur, de mordre 3 à 4 pieds sur le chemin public.
Les diverses autorisations reçues, le choeur fut donc construit tel que nous le voyons actuellement.
La construction de l'église fut complètement achevée vers 1718, elle fut seulement consacrée le 18 juin 1730 par Jean-Baptiste Gillis, évêque d'Amysone, vicaire général et suffrageant du prince-évêque de Liège, Georges-Louis de Berghes.
Dans la maçonnerie extérieure, au chevet du choeur, est encastrée la dalle commémorative de la construction du choeur de l'église; elle porte une inscription en latin dont voici la traduction :
«Le Révérend Monsieur Mathias Hubin, curé de Chênée, Embourg et autres dépendances, en l'année 1706 a édifié et offert ce choeur à Dieu, le meilleur et le plus grand ».
La reconstruction avait certes coûté son lot de sacrifices pour nos paroissiens et leur curé (nous ne plaindrons pas nos bons chanoines d'Aix qui, touchant la plus grosse part de la dîme, en avaient les moyens), mais la nouvelle église put être pour tous les paroissiens, une source de fierté. Dans leur délibération du 31 octobre 1804, le maire de Chênée, J.B. Robert et ses conseillers municipaux affirmèrent encore « qu'indubitablement leur église était la plus belle, la plus grande, et la plus solide du doyenné ».
Chapitre 4 : L'église et son intérieur.
De l'avis du maire en 1804, l'église de Chênée était la plus belle, la plus grande et la plus solide. On peut l'affirmer encore aujourd'hui, après les travaux de restauration qui viennent de se terminer et mettent en valeur son architecture et les trésors qu'elle recèle Son capital archéologique lui a d'ailleurs valu d'être classée en 1943 par la Commission Royale des monuments et sites.
Terminé dans la première moitié du XVIIIe siècle, l'édifice est de ceux qui défient les siècles. Juste produit du temps et du milieu, c'est un sympathique exemplaire de ces constructions trapues d'époque Louis )UV, sans style bien défmi toutefois, bien qu'on trouve ici certaines caractéristiques du roman : tour trapue, toits à versants modérés, baies en plein cintre.
Si elle ne présente à l'extérieur aucune prétention artistique, elle peut se targuer de présenter un intérieur de haute qualité, un ensemble architecturale homogène. La voûte est remarquable dans sa sobriété, elle est mise en valeur par la restauration actuelle.
Quand les moyens financiers permirent d'orner et de meubler l'église, bien plus tard que l'achèvement de la bâtisse, on était arrivé à cette période du XVIIIe siècle où brillaient les ornemanistes liégeois.
LES STATUES.
Les six grandes statues du choeur ont été taillées dans le chêne, elles sont recouvertes de peinture blanche. Elles sont attribuées à Jean Hans de Grivegnée, un des meilleurs élèves de Delcourl. Elles représentent : Saint Hubert, Saint Pierre patron de la paroisse, la Sainte Vierge et l'enfant Jésus, Saint Joseph, l'ange gardien et Saint Nicolas.
Elles viennent d'être traitées contre les insectes xylophages et de l'avis de la Commission Royale des monuments et sites, elles devraient faire l'objet d'une restauration en profondeur, malheureusement très coûteuse. En attendant la constitution d'un dossier et les approbations requises, elles sont entreposées avec soin dans le local sous la tour.
Adossé au fond de l'église, près de la porte d'entrée principale, se dresse un superbe grand Christ dû probablement au même Jean Hans; il est également taillé dans le chêne et peint en blanc.
Le perizonium2 étoffé et chiffonné et les pieds parallèles fixés isolement dénotent la facture de la fin du XVIIe siècle et première moitié du XVIIle siècle. Quoiqu'il en soit, l'allure générale de ce beau morceau de sculpture, 'impression de sérénité qui s'en dégage, le respect savant de l'anatomie, sont à coup er d'un maître.
LE MOBILIER.
La boiserie est abondante, d'excellente facture liégeoise de la bonne époque (XVIIIe siècle), bien que sobre dans les motifs sculptés.
Les «nouvelles de Fléron » du 27 Mars 1898 nous apportent quelques détails. Nous apprenons ainsi que le menuisier sculpteur Jean-Denis Léonard de Liège confectionna en 1756 une bonne partie du mobilier :
-le tabernacle du grand autel pour 107 florins,
-l'autel de la Vierge pour 300 florins,
-deux confessionnaux de style Régence pour 380 florins,
-la chaire de vérité pour 460 florins, la main-courante incurvée et le balustre de départ en chêne sont richement travaillés sur des motifs symboliques de l'Eucharistie,
-les armoires de la sacristie pour 300 florins,
-des bancs pour 441 florins.
En 1775, le même Jean-Denis Léonard confectionna 24 bancs supplémentaires, les deux autres confessionnaux et les gradins des petits autels pour 554 florins, 2 sous et 2 patards.
La même année, on paya à Antoine Maréchal 235 florins pour les formes (stalles) du choeur.
LES TABLEAUX.
À l'école liégeoise du XVIlle siècle, appartiennent les toiles du choeur, elles sont d’Henri Deprez né à Liège le 6 Février 1729 et décédé le 28 Octobre 1797.
Jules Helbigl ne le place pas très haut dans son estime, il le qualifie ainsi : «Peintre d'histoire et de portraits, cet artiste était doué d'une fécondité extrême mais en même
Cette critique semble très sévère, le Saint Pierre se repentant en médaillon est d'excellente facture. Les archives paroissiales conservées à la cure garde le reçu original de H; Deprez, daté du 9 Mai 1776 pour les quatre tableaux du choeur au montant de 14 carolins d'or ou 273 florins2.
Le tableau surmontant le maître-autel qui représente un miracle de Saint Pierre passe pour être remarquable; bien que certains l'attribuent à Clockers, autre peintre liégeois, il est de la main de Deprez.
Ce tableau a son histoire véridique ou légendaire? Il aurait appartenu à la cathédrale Saint Lambert et soustrait au pillage de cette cathédrale prestigieuse en 1794 par un chanoine de Bellefroid qui l'aurait transféré à la paroisse de Chênée.
On croit pouvoir affirmer cette opinion sur le fait:
-que le sujet de ce tableau est un miracle de Saint Pierre, précisément le patron de notre église, qu'une famille de Bellefroid avait ses attaches à Chênée, une importante sépulture de cette famille existe au cimetière du centre, ce qui expliquerait l'option du chanoine, que l'auteur serait H. Deprez a qui sont dus les quatre autres toiles du choeur et le chemin de croix.
Les sept tableaux du chemin de croix sont également de Henri Deprez, ils ont subi à plusieurs reprises des retouches malencontreuses.
LES ORGUES.
Le premier orgue installé dans notre église reconstruite, fut livré en 1756 par le célèbre facteur d'orgues Jean-Baptiste Le Picard établi à Liège.
Une étude de Monsieur Jean-Pierre Félix' précise que cet ouvrage est le dernier connu du maître et qu'il coûta 1600 florins.
Aux archives de l'état à Liège subsiste la quittance suivante (l'orthographe originale est maintenue) :
« Le 13 7bre 1756 reçu de Monsieur Becket au nom de Monsieur le Curé et de Messieurs les tennants de Chayenaye la somme de seize cents florins c (om) tans pour une orgue leurs vendue et livrée ce jourd'huy; laquelle je guarantiray pendant l'espace de deux ans pour tout déffaut provenant de moy.
(s) jean baptiste Le Picare. »
Sa composition ne nous est pas connue mais comme toutes les productions du Picard, elle devait être empreinte de l'esthétique du rococo français.
Les orgues ne furent entretenues que sporadiquement.
Au cours de la séance du conseil de Fabrique du 3 Avril 1870, «Monsieur le Curé F.X. Georges exposa le mauvais état des orgues, lesquelles, d'après un rapport de Mr. Stappers, organiste, sont constamment dérangées et incapables de servir encore dans les conditions désirables pour notre église. »
Le conseil décida de demander à Mr. A. Clérinx, facteur d'orgue à St.Trond, un projet de contrat pour l'achat d'un nouvel instrument.
Le 22 Avril 1870, le conseil prit connaissance du devis de Mr. Clérinx s'élevant à la somme de 6.350 francs.
Les frais de transport de l'orgue à l'église, le logement et la nourriture des ouvriers chargés de le placer, la consolidation du jubé et la location d'un harmonium...etc, étaient évalués à 265 F. environ, la dépense totale atteignait 6.265 F.
Ces nouvelles orgues furent inaugurées le dimanche de la Trinité en 1871.
Une restauration profonde a été effectuée en 1973 par les facteurs d'orgues Thomas frères de Ster- Francorchamps, pour un montant de 352.815 F.
Nous ne pouvons-nous étendre ici sur la composition de l'orgue actuel, l'étude précitée de Mr. Félix en donne un aperçu détaillé et notre organiste, Mr. Eric Mairlot se ferait certainement un plaisir de renseigner les personnes intéressées par cet orgue de grande valeur.
L'HOLOGE ET LES CLOCHES.
À l'époque où n'existait encore que les cadrans solaires, l'apparition des horloges aux clochers des églises fut remarquée.
En 1770, l'église de Chênée était pourvue d'une horloge à deux cadrans, mais les paroissiens se plaignaient de son état, de l'impossibilité de la réparer pour une longue durée et ils demandaient une nouvelle installation. Plusieurs maîtres-horlogers vinrent examiner l'appareil et ils conclurent à la possibilité de la réparer l'instrument à condition de se contenter d'un seul cadran. La réparation fut effectuée en 1772.
En 1848, furent ajoutés 3 nouveaux cadrans, donnés par la Société de la Vieille-Montagne, la communauté prenant à ses charges les frais de leur installation.
L'horloge actuelle, entièrement électrifiée, a été installée en 1977-78, lors de l'électrification des cloches et le placement d'une nouvelle.
Nous avons que le chapitre d'Aix devait fournir une grosse cloche lors de la construction de l'église, elle fut installée en 1713 et portait le nom de Marie-Charlemagne.
Depuis 1977, le clocher abrite trois cloches : une ancienne cloche de 1000 kg, fondue et installée en 1822 et deux nouvelles que Mgr. Van Zuylen a béni solennellement le 9 Octobre 1977. La plus petite Marie-Charlemagne pèse 450 kg et remplace celle du même nom dont nous venons de parler.
L'autre nouvelle cloche Anne-Pierre pèse 750 kg. Les deux nouvelles cloches ont été fondues par Mr. Sergeys de Louvain, dont le père était né à Chênée.
Les trois cloches sont mues par des moteurs électriques.
LES VITRAUX.
Avant leur destruction durant la guerre 1940-1945, on pouvait admirer quatre très beaux vitraux dans le choeur de l'église.
Ils avaient été placés à la suite d'une délibération du conseil de Fabrique du 6 Octobre 1901. Au cours de cette séance, le curé G. Gérardry avait proposé de faire placer dans le choeur des vitraux à la mémoire de Mgr. Doutreloux, évêque de Liège, né à Chênée le 18 Mai 1837 et décédé à Liège le 24 Août 1901.
Le conseil, à l'unanimité, approuva cette proposition destinée à consacrer le souvenir de l'enfant de Chênée qui a occupé si dignement et avec tant de dévouement au peuple, le siège épiscopal de Liège.
Ces verrières firent confectionnées par Mr. Ih. Cambresier, peintre à Liège et coûtèrent 3.000 F., le curé ayant payé le placement des treillis protecteurs.
Deux de ces vitraux seulement ont été remplacés en 1957, l'un représente Sainte Bernadette, l'autre Saint Blaise, spécialement invoqué depuis longtemps dans notre église.
Les fenêtres des nefs latérales ont également été pourvues en 1957 de vitraux, oeuvres de deux artistes : F. Cricks et Osterath; ils représentent notamment les deux évangélistes, Saint Luc et Saint Mathieu, les autres, dont le dessin est dû au peintre Armand Romainville de Hollogne sur Geer illustrent les Béatitudes en représentant chaque fois un épisode de la vie de Saint Pierre.
Nous trouvons encore un vitrail représentant Mgr. Kerckofs, évêque de Liège, qui présente des enfants à la Vierge et dans le coin inférieur droit, la chapelle de Banneux; enfin le dernier vitrail a été placé en « hommage de reconnaissance de la Fédération Nationale de Combattants aux Morts pour la Patrie 40-45. »