HISTOIRE D’UNE DE NOS DEUX CLOCHES DE TOUR

Un nom, une famille

C’est en 1886 qu’Edward Michiels, fabricant d’horloges d’édifice et de carillons à Malines, racheta la fonderie de Paul Drouot installée à Tournai au 51-53, Boulevard du Nord (actuellement Boulevard Eisenhower).

Les activités des fonderies belges cessèrent lorsque la Première Guerre mondiale éclata.

Elles redémarrèrent à partir de 1920, année où Marcel Michiels junior (1898-1962) succéda à son père Marcel Michiels senior alors à la tête de la fonderie.

Marcel junior épousera Flore Quiévreux. Ils n’auront pas de descendants.

Le parcours de Marcel Michiels junior est assez impressionnant. Il étudie l’harmonie - science indispensable à un fondeur digne de ce nom - au Conservatoire de Tournai et au Conservatoire Royal de Bruxelles.

Il suit des cours à l’école de carillon de Malines récemment mise sur pied et complète son apprentissage de la fonte des cloches chez Félix Van Aerschot, à Louvain.

Afin de parfaire ses connaissances, il part en Amérique pour un séjour aux Studios de Walt Disney à Hollywood, où il étudie la composition des sons et leurs contrôle au moyen du vibraphone à amplificateur électronique. Il revient en Europe avec, dans ses bagages, les méthodes d’harmonie américaines.

A vingt-deux ans, Marcel Michiels junior est donc prêt à vivre dans le monde précis, sonore et harmonieux qu’est celui des artisans musiciens et à assurer le maintien de la tradition de fabrication de cloches et de carillons dans sa bonne ville scaldienne.*

En 1927, l’art campanaire* connut un grand bouleversement, Marcel Michiels junior réussissant à résoudre le problème de l’accordage des cloches.

En 1940, les fonderies belges durent fermer leurs portes une fois de plus.

A la reprise des activités, en 1945, la fonte de cloches connut sa dernière période florissante en Belgique. Le patrimoine campanaire du pays était en effet très appauvri, bon nombre de cloches ayant comme la nôtre disparu pendant la guerre en raison des réquisitions opérées par l’occupant qui les refondait pour la fabrication de canons et autres.

C’est ainsi que notre ancienne cloche datant de 1526 « fondeur inconnu » a été descendue du clocher par les Allemands en 1943.

Remplacée en 1957 par une nouvelle cloche fondue par Marcel Michiels junior de Tournai, elle sera baptisée MARIE.

Je sonne journellement les heures et les demies.

La volée aux grandes circonstances de la vie.

Le glas funèbre.

 

La fonderie Michiels a fourni entre 1923 et 1961 au total plus d’une trentaine de nouveaux carillons et produit plus d’un millier de cloches…

 

Au cours d’une conférence, Marcel Michiels junior s’était exprimé en ces termes :

" Tournai, berceau de l’art campanaire et qui abrita si longtemps les plus belles industries d’art - porcelaine, tapis - devait également posséder sa fonderie spéciale de carillons et continuer les belles traditions qui lui valurent son beau renom de « Tournai, ville d’art et cité royale »".

 

MICHIELS MARCEL JR

Date de naissance : 13 mars 1898 à Tournai

Date du décès : 17 février 1962 sur sa tombe à Rumillies, village de Tournai : épitaphe

En mémoire de / MARCEL . EDOUARD / MICHIELS / FONDEUR DE CLOCHES / 1898 - 1962

 

*Scaldienne : adj. De la région de l’Escaut.

*Campanaire : tout ce qui se rapporte aux carillons, cloches, mécanismes d’horlogerie de tours.

                                                                             

                                                                                                                     

Ed : Yves Schenk