HISTOIRE DE LA SAUVEGARDE ET DE LA RESTAURATION DE L’HORLOGE MONUMENTALE DE L’EGLISE NOTRE-DAME DE LA VISITATION A GRIVEGNEE.

 

L’aventure a commencé en décembre 2000 lorsque le curé en place, Jacques CONRADS, m’a demandé d’intégrer le Conseil de Fabrique en tant que Membre. Très vite j’ai commencé à visiter tous les coins et recoins de l’église construite en 1856 par l’architecte Charles DELSAULT.

Un jour j’ai découvert une drôle de machine dans un local sous les deux cloches de notre clocher. Je n’avais alors aucune idée de ce à quoi elle avait pu servir et le tout était couvert d’une épaisse couche de fientes de pigeons. En effet les clochers sont très souvent peuplés de pigeons qui s’y sentent à l’aise. La première chose à faire était donc d’empêcher ceux-ci d’entrer par les différents trous et notamment par les abat-sons.

Ceci fait, le travail de nettoyage de tous les étages du clocher pouvait commencer et ce sont plusieurs sacs de fientes qui ont été descendus et évacués jusqu’en 2005.

Les mois passaient. Lors d’une balade dominicale avec mon épouse, nous sommes arrivés par hasard à TELLIN, petit village ardennais du côté de Han-Sur-Lesse où se trouve une ancienne fonderie de cloches appartenant à la famille CAUSARD-SLEGERS depuis 1832, qui malheureusement a cessé ses activités en 1970 à la mort de Georges II SLEGERS.

TELLIN ce week-end là était en fête. Plusieurs cloches de différents poids avaient été coulées le samedi et allaient être démoulées le dimanche devant un public nombreux. Les futurs propriétaires, eux, étaient venus découvrir leur cloche à l’état brut. Celle-ci devait encore être débarrassée des restes de la coulée et polie en atelier avant livraison sous ses plus beaux apparats.

Un musée Campanaire se trouve dans les bâtiments de la fonderie. En entrant dans le musée… un choc ! Parmi différents objets exposés figuraient plusieurs cloches et machines ressemblant à celle présente dans notre clocher.

Une personne de l’Association Campanaire Wallonne présente sur place m’a donné des explications très précises sur les différents mécanismes de l’exposition. Très intéressé, je me suis inscrit à l’ASBL Campanaire Wallonne afin de recevoir mensuellement leur revue.

Le lendemain, pressé, je fonçais revoir dans notre clocher la fameuse machine qu’à présent je regardais avec un regard plus averti. Il s’agissait donc d’une horloge monumentale sur bâti horizontal en fonte (Long : 176cm, Larg : 65cm et Haut : 203cm), composée de deux tambours en fer avec poids en fonte, l’échappement à chevilles, une roue de compte et un régulateur.

Sur la traverse horizontale arrière du bâti se trouve la plaque du constructeur J.LERUITTE. Il s’agit de Joseph Constant LERUITTE né à Esneux le 22 septembre 1862, Maître horloger. Ces renseignements m’ont été donnés par le service des archives d’Esneux.

Il manquait le balancier et sa lentille. Je cherchais et finis par la trouver une dizaine de mètres plus bas dans une armoire du jubé. Imaginez vous… la lentille avait traversé le plafond de l’armoire lorsque le balancier en bois de sapin, vermoulu au fil du temps, a fini par céder sous son poids (25 kilos).

En 2005, le Conseil de Fabrique a été approché par la Société MOBISTAR souhaitant placer des antennes GSM dans notre clocher. Après beaucoup de discussions et autorisations, le Conseil de Fabrique a fini par donner son accord. La Société MOBISTAR entama alors les démarches et visites pour remettre les différents étages et accès aux normes de sécurité.

Ils avaient besoin d’un local technique et le seul disponible était celui où se trouvait l’horloge arrêtée en 1957 lors de l’électrification de nos 4 cadrans et nos 2 cloches par la firme CLOCK-O-MATIC. Mobistar proposa le ferraillage de l’horloge ce à quoi je me suis opposé.

J’ai donc commencé sans tarder à fixer au beffroi un treuil électrique qui allait me permettre de descendre en sécurité et avec précautions toutes les parties démontables de l’horloge.

Dans un premier temps j’ai remonté l’ensemble dans une sacristie et ai ainsi pu constater qu’il serait possible de la remettre en état de fonctionnement moyennant un nettoyage en profondeur et de refaire un balancier remplaçant celui d’origine.

Second démontage pour apporter les pièces dans mon garage pour le traitement final de toutes les pièces, tantôt en fonte, tantôt en bronze ou en acier. 

Les heures, les semaines, les mois et les années passaient. Il en aura fallu du courage pour mener à bien une telle restauration ! Merci à la technologie numérique qui m’a permis de prendre des centaines de photos avant démontage des tambours et engrenages et ainsi, longtemps après, savoir comment les remonter ! Enfin en 2010 l’horloge a été remontée au fond de l’église.

Ayant lu dans la revue de l’ACW qu’une nouvelle commande de cloche coulée à l’ancienne allait avoir lieu à Gembloux, j’ai soumis au Conseil de Fabrique, dont j’étais devenu Président le 14 avril 2003, ma volonté de faire couler une cloche d’environ 12 kilos qui équiperait notre horloge. Le Conseil a approuvé la commande. 

Le choix des frises et des inscriptions ayant été décidé, la commande fut passée pour la somme de 405 euros.

L’équipe d’André VOGELE fondeur à Orléans allait se charger de la coulée qui devait avoir lieu le week-end du 22-23-24 juin 2012 au Parc d’Epinal à Gembloux devant une foule nombreuse et la RTBF présente pour la prise d’images pour un documentaire.

Le 25 septembre 2012, je me suis déplacé chez Monsieur Philippe SLEGERS, Secrétaire de l’ACW, à Rhisnes pour la livraison de la cloche.

Il fallait à présent construire un support pour fixer la cloche au bâti ainsi qu’un marteau qui frapperait le bord de la cloche.

L’horloge à présent complète et comme le veut la tradition, nous avons procédé au baptême de notre nouvelle cloche lors de la messe dominicale du 02 décembre 2012. Celle-là porte le n° 21/2012 dans le registre de la paroisse. Elle a pour marraine Rita DEMARCHE et pour parrain Yves SCHENK. Elle s’appelle Rita.

A présent, les visiteurs peuvent, lors d’une démonstration, assister au fonctionnement réel de l’horloge qui entraîne le tambour de la roue de compte qui à son tour déclenche le marteau de tintement contre la cloche aux heures.

Notez que la cloche est frappée manuellement avec son marteau pour donner le signal du début des célébrations dominicales et, parfois, lors des grandes fêtes, pour marquer l’élévation lors de la consécration.

 

Yves SCHENK, le 28 août 2018 à Grivegnée